🧠 Déclic de la semaine
C’est l’histoire de Cecilie, une jeune femme qui un jour tomba amoureuse d’un supposé prince charmant. Mais ce conte de fées ne se termine pas par : « Iels vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Mais bien par elle se retrouvera seule et avec plus de 250 000 $ de dettes.
Quelle est votre première réaction face à cette histoire ?
Vous la croyez crédule, naïve ?
Si oui, nous sommes, une grande majorité à penser que les personnes victimes d’une arnaque sont naïves.
Mais en réalité, nous sommes tous·tes vulnérables aux arnaques. Les escrocs utilisent des mécanismes psychologiques sophistiqués qui ne sont pas toujours évidents à décerner. Chaque jour, il y a des milliers de personnes qui en sont victimes (avoir un chiffre précis est difficile, car les victimes ne porte pas toujours plainte.)
Pourquoi je vous parle de ça, c’est parce que j’ai regardé L’arnaqueur de Tinder. Un documentaire sur Netflix qui raconte l’histoire de Simon Leviev, un homme qui a mis en place une arnaque financière inspirée du modèle de Ponzi. Il courtisait des femmes sur Tinder en se faisant passer pour une riche diamantaire, avant de leur extorquer des milliers de dollars. Durant presque deux heures, on va suivre son procédé à partir de l’histoire de 3 victimes.
⚠ Je vais spoiler un peu, mais pas beaucoup. Promis ! 😅
Au début du documentaire, il y a une analogie intéressante entre les contes de fées et les modèles amoureux imposés aux femmes. Ce que je retiens, c’est qu’en tant que femme, nous sommes conditionnées dès notre plus jeune âge à donner de l’amour (le fameux « Care »). Et c’est par une manipulation affective que l’arnaqueur va réussir à saisir la vulnérabilité de ses victimes. Mais malheureusement, cela n’a pas suffi pour les épargner du « Victim blaming », qui consiste à penser que les victimes méritent ce qui leur arrive. C’est une pratique assez courante et socialement acceptable. (Malheureusement !)
Un petit exemple de « Victim blaming ».
Malgré sa naïveté, on a presque de la peine pour elle, tant sa recherche de l’âme sœur l’a conduite au bord du précipice. […] le documentaire ne remet jamais en question les attentes réelles de ses victimes, qui clament — à l’exception de Ayleen — avoir succombé au grand amour ou à une amitié sincère, mais en réalité ont été hypnotisées par le luxe et les moyens dont disposait apparemment leur bourreau. — Le parisien
Kayleigh Roberts, explique dans « The Psychology of Victim Blaming » que tenir les victimes pour responsables de leur malheur fait partie des mécanismes de défense que nous utilisons pour nous protéger. On se persuade qu’en adoptant le « bon comportement » ce genre de situation ne peut pas nous arriver. C’est le « impossible que ça m’arrive, car j’aurais fait ci ou ça ». En réalité, vivre une situation traumatisante crée souvent une dissociation et une anesthésie émotionnelle chez les victimes. Il est difficile de savoir comment on pourrait réagir.
Dans le livre The Confidence Game (un fascinant livre sur la psychologie de l’escroquerie), Maria Konnikova explique que plus on se croit à l’abri, plus nous sommes vulnérables. L’art de l’escroquerie repose principalement sur la création d’une bulle de confiance qui une fois activé nous rend vulnérable aux sollicitations émotionnelles. Pour vous donner un exemple, j’ai pris des notes, voici le processus de l’arnaCoeur de Tinder :
Une promesse intéressante (l’homme presque parfait, car il n’y a pas que des femmes victimes)
Des preuves de la véracité de la promesse (l’écoute, attention aux petits détails, etc.)
La mise en confiance (les preuves d’amour et d’efficacité)
Le moment d’urgence (activation de la peur chez les victimes)
La décision et la mise en action (les victimes incarnent le syndrome du sauveur)
Le maintien dans la zone de confiance (paralysie émotionnelle et isolement)
La culpabilisation (création d’un sentiment de responsable et de honte chez les victimes)
Nous ne sommes pas programmé·e·s pour reconnaître les mensonges (même si l’on se persuade du contraire, si vous doutez encore pensez aux tours de magie). Cette incapacité à dissocier le vrai du faux nous rend vulnérables. L’argent étant un sujet émotionnel, il très facile de se laisser prendre par le chant des sirènes (comme certaines formations en finance, voici un exemple). Il est important d’apprendre à dire non avant de dire oui. (Oxmo Puccino le dit mieux que moi 😊)
📝 L'exercice de la semaine
Savoir prendre des décisions n’est pas une compétence innée. C’est une activité qu’il faut pratiquer constamment et ajuster ses stratégies. L’exercice du jour est de créer sa stratégie pour prendre des décisions sous pression.
Trouvez un système pour évaluer le degré d’importance de la décision à prendre (échelle de 1 à 5, la liste des options, une question, etc.)
Constituez votre commission de décision et définissez ensuite les caractéristiques des personnages ou des personnes qui y siègent
Création de votre salle de délibération : quel est le choix que vous avez envie de prendre et pourquoi ?
Ne jamais décider seul·e, définissez en avance la liste des personnes à contacter pour vous aider à faire un choix (comme une liste d’urgence).
L’objectif de faire cet exercice est de créer un outil (avant de vivre la situation d’urgence) qui va agir comme un mécanisme automatique (le cerveau aime les expériences pour lui dire comment agir). Son objectif est double il vous aidera à prendre du recul sur la situation et de formaliser votre décision sans céder à la pression.
C’est un peu comme une bouée de sauvetage !
Voici à quoi ressemble ma stratégie de décision sous pression : la Cour des Miracles (ne me demandez pas pourquoi 😂)
💊 Le petit boost
Apprenez à dire non pour ne pas sacrifier un ouiiiii !
🍭 Mon petit déclic à emporter
On reste sur Netflix, Money Explained est une courte série documentaire éducative et ludique pour comprendre les fondamentaux de l’argent. Le premier épisode parle des arnaques financières.
Vous avez peur de rater la session de Déclic'Gym 💪 ? Pas de panique, vous pouvez la recevoir directement par mail !
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